Halte aux arrêtés anti-prostitution

Mon texte sur Mediapart aujourd’hui :

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Halte aux arrêtés municipaux anti-prostitution !

10 mai 2013 Par Thierry Schaffauser

Madame Esther Benbassa (EELV) a réussi à faire voter il y a quelques semaines au Sénat sa proposition de loi pour l’abrogation du délit de racolage public. Si tout va bien, en 2014 le racolage public sera définitivement dépénalisé. Cependant, en réaction, Christian Estrosi maire UMP de Nice et rapporteur de la loi de 2003 pénalisant le racolage passif, a déjà déclaré qu’il ferait voter localement des arrêtés municipaux pour maintenir l’interdiction de la prostitution de rue dans sa ville.

A quelques mois des municipales, il est donc important que les candidats de gauche s’engagent à ne pas participer localement à une telle politique prohibitionniste. En particulier, le parti socialiste doit clarifier sa position. En effet, il doit cesser cette politique hypocrite qui consiste au plan national de voter la dépénalisation du racolage en disant que les prostituées sont des victimes, pour ensuite les pénaliser sur le plan local, comme c’est le cas à Lyon, où Madame Vallaud-Belkacem faisait partie de l’équipe municipale quand ces arrêtés anti-prostitution ont été votés.

Lyon est une des villes en France où la répression contre les travailleuses du sexe est la plus forte. La mairie les a chassées du centre ville pour les forcer à travailler dans les zones dangereuses de la périphérie. Sur Paris, la mairie doit faire pression sur la préfecture de police. Des arrêtés anti-stationnement sont détournés de leur objectif premier lié au code de la route pour servir des pratiques anti-travailleuses du sexe. Aux bois de Boulogne et de Vincennes, la police applique ces dispositions de manière totalement arbitraire et discriminatoire en embarquant à la fourrière uniquement les camionnettes et véhicules appartenant à des travailleuses du sexe, et en laissant ceux des autres citoyens.

L’argent de la prostitution servant à financer les instances locales à coups d’amendes mène de nombreux travailleurs du sexe à dénoncer ce système comme une forme de proxénétisme d’Etat. Cette politique est complètement contreproductive s’agissant de la lutte contre le travail forcé. Ce n’est d’ailleurs pas le but affiché, qui est davantage de désigner les travailleurs du sexe comme une nuisance du simple fait de leur existence dans l’espace public. La répression génère surtout des violences contre les travailleurs du sexe qui n’ont évidemment en conséquence aucune confiance en la police. De fait, ces lois et ces arrêtés municipaux créent les conditions pour que la violence se développe. Les agresseurs en tirent profit car ils savent très bien qu’il est très difficile pour les travailleuses du sexe, surtout quand elles sont migrantes, usagères de drogues, ou transsexuelles, de faire enregistrer une plainte, que l’enquête soit menée et que Justice soit rendue.

Il y a régulièrement des attaques commises allant jusqu’au viol et au meurtre. Il y a encore quelques jours, une femme Nigériane a été violement attaquée au Bois de Vincennes. Aucun média ni responsable politique ne s’en est fait l’écho. Dans le meilleur des cas, ces violences sont rapportées dans les pages faits divers, mais en général, elles n’intéressent personne, comme si les travailleurs du sexe n’étaient pas des êtres humains comme les autres. Il faut briser ce silence. La vie humaine est plus importante que les spéculations immobilières qui poussent aux politiques de gentrification des villes. Il y a 10 ans, je travaillais moi-même dans la rue sur la place de la Porte Dauphine. J’ai connu ces violences et je veux qu’elles cessent. C’est en partie pour cela que j’ai choisi de m’engager en politique.

Thierry Schaffauser, candidat EELV à la marie de Paris et ex-travailleur du sexe

https://votezthierryschaffauser.wordpress.com/

Thierry Schaffauser @TSchaffauser

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